je crois que ce qui se passe aujourd'hui témoigne d'une crise fondamentale de l'état de droit et plus fondamentalement invite à s'interroger sur le sens de notre civilisation.
L'état de droit est en crise : depuis des années, en France, se développe des zones franches de droit étatique (je n'aime pas le terme de non droit qui n'a pas de sens). La Corse évidemment et certaines banlieues. Dans ces deux situations, la nature ayant horreur du vide, un autre droit, plus clanique et plus violent, mais également fondé sur des valeurs plus vives que les notres qui ont singulièrement palies, s'est imposé, et l'état ne sait pas, ne sait plus, reprendre totalement sa place.
Et cela est normal : nous sommes aujourd'hui les enfants d'une démocratie molle qui a peur d'elle même, qui ne croit plus en ses valeurs, qui ne sait plus fabriquer des citoyens, mais engendre bien davantage des consommateurs et à la chaîne s'il vous plait. Même à l'université, je constate la perte, chez de nombreux jeunes, de toute notion d'exigence, qualité fondamentale d'un citoyen à mes yeux. Ils revendiquent et protestent, mais n'ont envers eux-mêmes pas le quart de leurs exigences envers les autres. Alors imaginez les p'tits des banlieues. Nos enfants ne sont plus des citoyens, parce qu'il n'y a plus de pacte social, de valeurs républicaines qui nous unissent et que l'on peut défendre jusqu'au sacrifice comme nos ainés ont su le faire. Les jeunes des banlieues pour la plupart ne se sentent pas français, ils appartiennent à leur cité, ou à leur bande, c'est-à-dire à un groupe qui secrète des valeurs auxquelles ils peuvent s'identifier.
Nous ne sortirons de cette spirale infernale d'abord qu'en rétablissant l'état de droit, et l'état de droit c'est d'abord faire appliquer la loi. Il faut être sans faiblesse avec les casseurs de tout poil, qjui n'expriment pas le plus souvent un mal être mais un défi à notre société. Mais une telle réponse sera inutile si elle ne s'accompagne pas d'une refondation républicaine. Qu'avons nous à leur proposer qui leur donne envie de sortir du monde auquel ils appartiennent et qui les enchaînent ? La grandeur de Rome est d'avoir fait de tout être libre de l'Empire un citoyen Romain. Beaucoup d'Empereurs n'étaient pas romains de souche, mais d'origine asiatique voire egyptienne. 1700 plus tard, nous en sommes loin...
Plus fondamentalement, notre civilisation est en crise. D'un point de vue psychanalytique, notre civilisation est au stade anal du développement humain. Nous mangeons et déféquons (nous consommons et produisons des déchets) voilà notre horizon à tous. Il n'y rien de fédérateur, pas de nouvelles frontières à conquérir. Tant que n'aurons rien d'autres à proposer comme modèle que les mirages insatisfaisants d'une consommation inutile (qui est pour beaucoup une réalité totalement illusoire) les voitures ne cesseront pas de brûler.
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