Mon bistrot préféré
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

 

 Philippe Djian,extraits

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Erinn
Taulière au comptoir
Taulière au comptoir
Erinn


Féminin
Nombre de messages : 21557
Age : 50
Localisation : dans ma bulle
Humeur : tendance in love
Date d'inscription : 14/03/2005

Philippe Djian,extraits Empty
MessageSujet: Philippe Djian,extraits   Philippe Djian,extraits EmptyMar 22 Mar 2005, 20:44

37°2 le matin

- Ecoute-moi, j'ai ajouté, ça m'a jamais rien rapporté d'aller baiser à droite et à gauche, non jamais rien. Je sais bien que tout le monde fait ça mais c'est jamais marrant de faire comme tout le monde. Enfin moi, ça m'emmerde. Et puis ça fait du bien de vivre un peu en accord avec ses idées, de pas se trahir, de pas flancher au dernier moment sous prétexte que la fille a un beau cul ou qu'on te propose un chèque délirant ou que la voie la plus facile se trouve à portée de la main. Ça fait du bien de pas céder, c'est bon pour le moral.
Je me suis tourné vers elle pour lui balancer le Grand Secret :
- A la Dispersion, je choisis la Concentration, j'ai déclaré. J'ai qu'une vie et tout ce qui m'intéresse, c'est de la faire briller.



Une poupée docile et silencieuse. Ils lui avaient enfourné des médicaments jusqu'au ras de la gueule, ils avaient déjà commencé à jeter les premières pelles de terre. Pour bien faire, il aurait fallu que je me pointe par-derrière et que je leur tranche la gorge, à tous autant qu'ils étaient, les médecins, les infirmiers, les pharmaciens et toute la clique. Sans oublier tous ceux qui l'avaient amenée jusque-là, ceux qui font trimer les gens, ceux qui vous maintiennent la tête par terre, ceux qui vous blessent, ceux qui vous mentent, ceux qui veulent se servir de vous, ceux qui s'en branlent complètement que vous soyez du genre unique, ceux que la connerie fait briller comme des lampions, ceux que la saloperie étouffe, ceux qu'on se traîne comme un boulet. J'aurais pas été au bout de mes peines. On aurait vite pataugé dans des rivières de sang et au bout du compte, j'aurais pas été plus avancé. Que je le veuille ou non, comme on dit, le mal était fait et bien que je sois pas un type désespéré pour deux sous, je comprenais que le monde puisse apparaître comme une merde épouvantable. Ca dépend comment on le regarde. Et que je sois pendu si je suis pas désolé de le dire, mais de cette chambre, de ce petit bout de lit où j'avais posé une fesse et pendant la plus longue minute de ma vie, j'ai jamais vu quelque chose d'aussi noir et d'aussi puant. Là-dessus, l'orage a éclaté.



Elle pouvait bien m'envoyer tous les mots qu'elle voulait à la tête après tout, ça me dérangeait pas beaucoup. Je trouvais que c'était pas trop cher payé pour tout ce qu'elle me donnait d'autre part.


Ouais, bien sûr, il faudrait qu’elle comprenne que le bonheur existe pas, que le Paradis existe pas, qu’il y a rien à gagner ou à perdre et qu’on peut rien changer pour l’essentiel. Et si tu crois que le désespoir est tout ce qu’il te reste après ça, ben tu te goures une fois de plus, parce que le désespoir aussi est une illusion.


Dernière édition par le Mar 22 Mar 2005, 20:52, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Erinn
Taulière au comptoir
Taulière au comptoir
Erinn


Féminin
Nombre de messages : 21557
Age : 50
Localisation : dans ma bulle
Humeur : tendance in love
Date d'inscription : 14/03/2005

Philippe Djian,extraits Empty
MessageSujet: Re: Philippe Djian,extraits   Philippe Djian,extraits EmptyMar 22 Mar 2005, 20:49

Zone érogène

Cette fille, quand elle sourit, vous avez l'impression que ses yeux changent de couleur et j'aime ce genre de gadget malgré que ça fasse de moi une proie facile, disons que je porte ma croix.



Elle me regardait avec une étincelle étrange dans les yeux, peut-être que cette lumière venait avec l'âge, quand on commence à en avoir vu pas mal, que l'œil s'est endurci et qu'il y a toute cette vie derrière, tout ce paquet d'années comme un mur où on peut s'appuyer.




J'écoutais de la musique en fumant des cigarettes, le corps tassé en mille morceaux et douloureux, j'ai aucune notion du temps la nuit, j'aime réfléchir lentement, je crois que l'extase m'arrivera dans un moment comme ça, enfin j'imagine, je tomberai à genoux dans la fumée des cigarettes et je sourirai jusqu'à ce que le jour se lève avec le cerveau en bouillie, mais je me demande si je fais tout ce qu'il faut pour en arriver là, je me demande si la Grâce va m'accorder les circonstances atténuantes.



La vie est pleine d'images effrayantes, c'est pas toujours facile, le soir, d'entrer dans une chambre et de s'asseoir au bord du lit pour défaire tranquillement ses lacets et ensuite se glisser dans les draps et regarder le plafond d'un cœur léger.


J'avais envie de voir des gens bouger autour de moi et avec un peu de chance je pourrais me détendre un peu en échangeant quelques mots sans importance avec une personne, c'est vrai que par moments c'est les autres qui vous empêchent de glisser jusqu'au fond.
Revenir en haut Aller en bas
Erinn
Taulière au comptoir
Taulière au comptoir
Erinn


Féminin
Nombre de messages : 21557
Age : 50
Localisation : dans ma bulle
Humeur : tendance in love
Date d'inscription : 14/03/2005

Philippe Djian,extraits Empty
MessageSujet: Re: Philippe Djian,extraits   Philippe Djian,extraits EmptyMar 22 Mar 2005, 20:55

Echine


Ces brusques accès d'euphorie m'étaient un mystère impénétrable. Ce sentiment de joie profonde qui m'habitait tout à coup et que rien ne pouvait entamer, je ne savais pas à quoi ça tenait. Il m'était arrivé de recevoir de tels trucs sur la tête qu'alors je me disais c'est fini, cette fois c'est bien fini, plus jamais tu ne pourras ressentir une chose pareille. Eh bien, je me trompais.



Mais plus les jours passaient, plus ces instants devenaient rares, aussi les distillais-je d'un sourire béat avec d'infinies précautions pour m'en imprégner de la moindre goutte.



Il fallait que de telles choses vous arrivent pour vous faire prendre conscience de ce miracle absolu : avoir un corps en parfait état de marche, ne pas souffrir, pouvoir marcher et sauter et danser, être capable de grimper dans un arbre, de rattacher ses lacets, de brailler de plaisir en dévalant une colline.


Il y avait longtemps que j'avais perdu toutes mes illusions sur le monde en général. Je savais ce qui arrivait aux plus faibles d'entre nous, à tous ceux qui n'allaient pas assez vite. Je n'avais pas besoin d'aller voir ça d'un peu plus près.
Revenir en haut Aller en bas
Erinn
Taulière au comptoir
Taulière au comptoir
Erinn


Féminin
Nombre de messages : 21557
Age : 50
Localisation : dans ma bulle
Humeur : tendance in love
Date d'inscription : 14/03/2005

Philippe Djian,extraits Empty
MessageSujet: Re: Philippe Djian,extraits   Philippe Djian,extraits EmptyMar 22 Mar 2005, 20:58

Lent dehors


Pour moi, Edith faisait partie de cette poignée d'écrivains qui me donnaient envie d'acheter un livre et me procuraient une vive émotion quand je l'ouvrais, simplement en regardant leur nom. J'espérais qu'ils allaient vivre encore longtemps et que d'autres allaient apparaître. Et que Dieu les préserve de vouloir être reconnus et de sacrifier leur talent à la norme.



Je saisissais pourtant la stupidité de mon malheur, je haïssais la manière dont mes pensées déviaient et me conduisaient vers elle comme un enfant qu’on tire par la main.



Ou bien quelque hasard nous séparait un instant et je l’observais, elle était une suffocante apparition, j’en étais ébloui, elle représentait tant de choses pour moi que mon esprit n’appréhendait ce prodige qu’avec difficulté.



La route n’est pas si longue, mais elle ne finit jamais. Eviter un obstacle, c’est aller au-devant d’un autre. Il n’y a rien de solide sous nos pas.
Revenir en haut Aller en bas
Erinn
Taulière au comptoir
Taulière au comptoir
Erinn


Féminin
Nombre de messages : 21557
Age : 50
Localisation : dans ma bulle
Humeur : tendance in love
Date d'inscription : 14/03/2005

Philippe Djian,extraits Empty
MessageSujet: Re: Philippe Djian,extraits   Philippe Djian,extraits EmptyMar 22 Mar 2005, 21:01

Sotos



Il suffit qu’elle s’appuie sur un mur pour que le toit s’effondre. Dès qu’elle se met en tête de bâtir quoi que ce soit, elle le brise entre ses mains.



Il commençait à ne plus considérer la vie comme une lente ascension mais comme un parcours brisé. D’ailleurs, ce n’était pas dans les jambes que ça se passait, mais dans la nuque, à force de relever puis de baisser la tête.


Tout le long du chemin, il avait réécouté sa voix, les deux ou trois mots qu’elle avait prononcés sans qu’il put y déceler quoi que ce soit dans un sens ou dans l’autre, sans qu’il sut s’il marchait vers l’abattoir ou s’il grimpait vers les cimes.


De toute façon, il ne comprenait pas qu’on puisse s’emmerder à ce point-là avec une fille alors qu’elles étaient des armées entières à parcourir le monde, avec ou sans pilule, et toutes plus belles les unes que les autres, toutes pleines de fureur, de bruit et d’aventures, et pas du genre casse-pieds, pas du genre à vous faire perdre votre temps.


Elle m’apportait tout ce qu’il me fallait en attendant que l’heure de mon châtiment ne sonne, elle était un peu ma mère, un peu mon amie, et les derniers et fugitifs reflets de la beauté du monde.
Revenir en haut Aller en bas
Erinn
Taulière au comptoir
Taulière au comptoir
Erinn


Féminin
Nombre de messages : 21557
Age : 50
Localisation : dans ma bulle
Humeur : tendance in love
Date d'inscription : 14/03/2005

Philippe Djian,extraits Empty
MessageSujet: Re: Philippe Djian,extraits   Philippe Djian,extraits EmptyMar 22 Mar 2005, 21:07

Philippe Djian,extraits Djian_ab4
Revenir en haut Aller en bas
Freaks Out
Patron du bouge
Patron du bouge
avatar


Nombre de messages : 2517
Date d'inscription : 15/03/2005

Philippe Djian,extraits Empty
MessageSujet: Re: Philippe Djian,extraits   Philippe Djian,extraits EmptyJeu 24 Mar 2005, 22:18

P.DJIAN - S.EICHER

TRACES

Je les entends parler
S'éloigner dans la rue
Puis tout à coup cesser
Disparaître de ma vue
Les liens se sont usés
Le temps nous a vaincus
Plus rien à partager
Que sont amis devenus ?
Comme des pierres
Comme la glace
Comme des sourds aux fenêtres d'en face
Sans colère
Sans grimaces
Sans retour et sans perdre la face
Chacun de nous le sait
Chacun en est conscient
Mais le vide nous effraie
Et le reste est décevant
La nuit nous a distraits
Quelques verrez nous aidant
Lucidité jamais
Ne vous fait le coeur content
Si l'on n'meurt pas d'un coup
C'est par petits morceaux
La toiture qui se troue
Puis la cave qui prend l'eau
Nous nous aimions beaucoup
Ne nous blessons pas trop
Amis je pense à vous
Et murmure dans votre dos
Comme des pierres
Comme la glace
Comme des sourds aux fenêtres d'en face
Sans colère
Sans grimaces
Sans retour et sans perdre la trace


OH IRONIE

On sait quand ça commence
Pas quand ça finira
On sait qu'on a la chance
Terrible d'être là
Malgré ce que l'on pense
De tout ce que l'on voit
Même si donner un sens
A tout ne se peut pas

Oh iro, oh iro
Oh ironie de nos danses
Oh iro, oh iro
Oh ironie de nos choix

On apprend la souffrance
On livre des combats
Qui sont perdus d'avance
Et qui n'apportent pas
D'issue, de délivrance
On fait n'importe quoi
On a peur du silence
On hurle dans les bois

Oh iro, oh iro
Oh ironie de nos danses
Oh iro, oh iro
Oh ironie de nos choix

Et vient la récompense
Quand on ne l'attend pas
Comme vient la pénitence
Quand on tendait les bras
On croit que l'on avance
En reculant d'un pas
On donne de l'importance
A ce qui n'en a pas

Butins et indulgences
Qu'on porte à bout de bras
énergie qu'on dépense
Que rien ne nous rendra
Oh stupide innocence
Oh fol ... et cætera
Cependant que s'avance
Le jour ... et cætera


MON AMI (GUARDA E PASSA

Tu vois comme l’on s’amuse, mon ami
Comme la vie nous rend froid
Et comme l’amitié s’use, mon ami
Dos à dos nous renvoie

Tu vois comme l’on abuse, mon ami
De mots, de palabras
C’est notre seule excuse, mon ami
Notre seul coup de grâce

C’est une douleur diffuse
Elle ne nous tuera pas
Et si tu la refuses
Non ci badar, guarda e passa

Qui crois-tu qui t’accuse, mon ami
Que ferais-tu à ma place
Va retrouver ta muse, mon ami
Et que grand bien te fasse

Je te trouve plein de ruses, mon ami
Je te vois dans la glace
Mais l’image est confuse, mon ami
Et ton sourire s’efface

C’est une douleur diffuse
Elle ne nous tuera pas
Et si tu la refuses
Non ci badar, guarda e passa


LA VOISINE

Le robinet de ma voisine
Coule à nouveau de bon matin
Elle tourne en rond dans sa cuisine
Je l’entends pleurer dans son coin
Autrefois je l’entendais rire
A minuit, en prenant son bain
C’était pour moi un vrai plaisir
Mais ce temps-là est déjà loin

J’aimerais beaucoup pouvoir lui dire
Que son retour me fait du bien
Mais j’ai peur de ne pas choisir
Le moment le plus opportun
Car je pense qu’elle a dû subir
Des choses qui ne font pas du bien
Et je ne voudrais pas qu’empire
A cause de moi ce grand chagrin

Je parie qu’elle va s’en sortir
A tout hasard je croise les doigts
Parfois le sort peut vous sourire
Sans raison, sans qu’on sache pourquoi
Je crois que nous pouvons tenir
Si son cœur ne nous trahit pas
Si le mouchoir qu’ elle utilise
Comme un barrage ne se rompt pas
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Philippe Djian,extraits Empty
MessageSujet: Re: Philippe Djian,extraits   Philippe Djian,extraits Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Philippe Djian,extraits
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Mon bistrot préféré :: CULTURE(S) ET LOISIR(S) :: Livre-
Sauter vers: