Le système économique contemporain repose sur la création de valeur monétaire. Cette création de valeur n'est pas un moyen pour atteindre un but (l'amélioration du mode de vie de chacun) mais une fin (qui a eu incontestablement comme conséquence l'amélioration de la qualité de vie d'une fraction finalement assez faible de la population mondiale). Elle a un coût écologique majeur que nul aujourd'hui d'honnête ne conteste. Par exemple, le système économique a un besoin vital que le marché chinois se développe. Or, que signifie, en terme de coût écologique, le spectaculaire développement économique de la chine sinon des atteintes considérables et peut-être irréversibles aux écosystèmes ? Peu de personnes semblent choquer par le fait que le système économique dans lequel nous vivons exige un sacrifice du patrimoine de l'humanité.
Le système mis en danger par un rejet de plus en plus fort du corps social secrète quelques anti corps conceptuels (qui fonctionnent bien manifestement sur quelques esprits qui ne demandent qu'à être convaincus).
De quels anticorps s'agit -il ?. Je n'ai pas la prétention de me livrer à une analyse exhaustive : en voici un florilège.
1° la relation entre néo-libéralisme et dégâts écologiques n'est pas établie : c'est une thèse que l'on a beaucoup entendue s'agissant du réchauffement de la planète. Personne aujourd'hui de sérieux ne conteste plus que que les activités humaines ont un rôle majeur sur le réchauffement de la planète. La pression démographique de plus en plus forte, l'urbanisation intense avec ce qu'elle suppose comme destruction directe et indirecte des milieux naturels, le rejet massif et de plus important de matières fossiles (hydrocarbures , charbon (en chine par exemple , etc...) dans l'atmosphère, l'utilisation à outrance de nitrates par exemple a complètement fragilisé voire détruit des écosystèmes qui sont toujours en équilibre précaire.
2° Les atteintes à l'environnement seraient inévitables sauf à sacrifier le mode de vie des pays développés.
Ce n'est absolument pas vrai. Un exemple : le néo-libéralisme qui est, pour simplifier, le triomphe des investisseurs financiers sur les entrepreneurs exige une ouverture complète des frontières (pour profiter des conditions économiques les plus favorables à la rentabilité des capitaux). Or cette ouverture complète des frontières - outre qu'elle constitue une aberration économique - à un coût écologique majeure car elle multiplie les besoins de transport dont le coût écologique est énorme. Il serait tellement plus judicieux de mettre en place des marchés locaux (au niveau européen protégé car le protectionnisme est une mesure excellente)
On ne peut pas décorréler la protection de l'environnement d'une réflexion globale sur notre système économique.
Le seul projet viable, et qui constitue une mission exaltante, est de maintenir au maximum possible notre qualité de vie (ce qui ne signifie pas nécessairement notre mode de vie). La qualité de vie doit être entendue à la fois dans le sens matériel, culturel (sommes nous condamnés pour toujours à la sous-culture mercantile ?), et écologique, car que signifie une croissance de 3 % si le prix à payer est de vivre dans un environnement dégradé ?
Cet objectif devrait être la finalité même de notre système économique et politique. Or, force est de constater que ce n'est pas du tout le cas, bien au contraire.
Par exemple, l'ouverture sans frein des marchés (qui est, à la réflexion bien, la négation même de la concurrence, ce qui n'étonnera que ceux qui ne connaissent pas bien les entreprises), entraîne nécessairement une déflation salariale forte, une pression de plus en plus grande sur les salariés et le monde du travail de façon plus générale, pour le plus grand profit des entreprises (ce ne sont pas des propos maoïstes, comme la vulgate néolibérale voudrait le faire croire, mais la réalité que chacun peut percevoir). De plus, une telle libéralisation entraîne des coûts écologiques de plus en plus importants. Un seul exemple : la libéralisation des marchés s'est accompagnée d'une libéralisation sauvage du transport mondial qui est aujourd'hui assuré pour beaucoup par des navires dans un en état souvent lamentable, servis par des marins exploités venant d'anciens pays communistes (ce qui pourrait être en soi un sujet de réflexion)
Un exemple, il n'est pas aujourd'hui une activité salariée qu'on ne puisse délocaliser en Inde ou en Chine. Favoriser la libre circulation des marchandises, revient à favoriser les délocalisations, ce qui permet d'augmenter les profits, d'assurer le maintien d'une pression salariale forte, et augmente les impacts écologiques négatifs.
En d'autres termes, le développement durable est subordonné à une réflexion majeure sur notre système économique, lequel est très pernicieux, et qui est servi par une propagande idéologique très forte qui brouille les repères pour masquer les enjeux.
Changeons notre système et modifions nos modes de vie pour maintenir notre qualité de vie. En d'autres termes, sauvons le capitalisme, en luttant contre le néolibéralisme.
Et pour finir..
Une difficulté majeure s'agissant de la protection des écosystèmes est rarement mise en avant : Elle tient à une évolution radicale dans l’histoire de l’humanité. Pour la première fois, plus de la moitié des être humains vit dans une ville ou dans un univers péri-urbain. Il est sans doute difficile de convaincre des occidentaux qui vivent à plus de 75 % dans des villes, c'est-à-dire hors des écosystèmes, dans un univers artificiel, qu'ils doivent modifier leur mode de vie pour protéger des écosystèmes dont ils ne savent rien ou qu'ils ne connaissent que de manière superficielle. En d'autres termes, la protection de l'environnement n'est plus une attitude naturelle, comme elle pouvait l'être à l'époque où l'homme vivait directement dans et de la nature, mais une question d'éducation. Or cette éducation est difficile à pratiquer, car il est difficile d'expliquer aux jeunes que leurs attitudes quotidiennes peuvent avoir des conséquences graves alors que, vivant dans un univers déjà dégradé, leur actes n’ont pas d’effets réels sur leur territoire et leur condition de vie. De plus, le système économique nous conduit presque inconsciemment à arbitrer en faveur de choix ayant pour effet de faire subir une pression forte voire insupportable sur des écosystèmes lointains, dont la dégradation passe en partie inaperçue, malgré son ampleur