J'ai tant de journées à vivre que je ne sais
Retenir leur essence, humer leur été
Et je pleure et m'effraie de ne pouvoir toucher
Ces très hautes cimes toujours imaginées
Fuir peut être, mais fuir est mal
Comment pourrais-je donc ô ma femme
Ne pas auprès de toi être toujours là
Vivre et respirer à l'ombre de ta voix
Je sais par habitude on ne retiendra
Que l'orgueil de mon sang la foulée de mon pas
Et pourtant je suis tout l'ombre qui se couche
Sur la forêt bleue un jour née de ta bouche
Là-bas sur le rouge chantant des toits
La pluie qui s'en va à tout petit pas
L'orage qui gronde quand plus rien ne va
L'humeur d'une flûte qui monte aux étoiles
Les longues volutes du feu de ton âme
Comme un drap qui tombe le soir sur le monde
Puisque confident tu es mon ami
En ces quelques mots légers et fleuris
Peux-tu entendre dis ce chant en moi
Qui monte comme montent les hourras ?
L'ivresse même n'ennuie, si elle n'est de ta voix
Je suis né seulement pour être ton émoi
Toulouse 1990