NANTES CORRESPONDANT
C'est un homme "complètement abattu", "comme paraissant soulagé d'avoir été arrêté" que Me Patrick Le Tertre a rencontré au début de sa garde à vue, mardi 17 juin. Lors de son interpellation quelques minutes plus tôt, dans le centre-ville de Nantes, Alain Faury-Santerre, 49 ans, soupçonné d'avoir tué et découpé sa compagne, n'a manifesté "ni résistance ni surprise", selon des témoins.
M. Faury-Santerre se savait traqué depuis une semaine. Sitôt son placement en garde à vue, "l'homme aux valises macabres", comme l'ont baptisé les manchettes de journaux, a expliqué avoir étranglé sa compagne, Françoise Gallen, institutrice à la retraite, dans l'appartement qu'elle occupait. Le corps de la victime serait "resté sur le lit près d'une semaine", selon les premières déclarations de M. Faury-Santerre. "Ne sachant comment se débarrasser du cadavre", il a indiqué avoir utilisé une scie pour découper la victime. Il aurait ensuite acheté deux valises noires. "L'homme a été filmé dans un supermarché de l'agglomération en train d'acheter une valise d'un modèle identique à celle retrouvée à Vertou, près de Nantes, à la surface de la Sèvre", précise Xavier Ronsin, procureur de la République de Nantes.
Ce bagage, découvert mardi 10 juin, renfermait le tronc de la victime. Le bout des doigts était brûlé pour effacer toute empreinte digitale. Une seconde valise, contenant la tête et les jambes, a été retrouvée trois jours plus tard, dérivant sur l'Erdre, au nord de Nantes.
Le motif du crime serait "banal". "Une querelle, portant sur un problème de famille, a éclaté, révèle un enquêteur. Le différend concernait la fille de la victime." Âgée d'une vingtaine d'années, cette dernière est "hospitalisée depuis plusieurs mois en raison de gros problèmes de santé". Cette situation était "difficile à vivre", rapportent des voisins.
INFORMATION JUDICIAIRE
L'ADN de M. Faury-Santerre, inscrit au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) à la suite de cambriolages, a été identifié sur la poignée d'une valise. L'homme a aussi été aperçu par de nombreux témoins empruntant le chemin de halage des sites où ont été jetés les morceaux du corps.
Une information judiciaire pour meurtre devait être ouverte jeudi 19 juin. Sans emploi, travaillant comme extra auprès de traiteurs nantais, M. Faury-Santerre devrait être incarcéré à l'issue de sa présentation devant un juge des libertés et de la détention. Samedi 14 juin, il jouait encore paisiblement aux boules. Abasourdi, le patron d'un café raconte : "Je lui ai dit pour rigoler : "Dépêche-toi de finir la partie, j'ai une valise à jeter dans la flotte après." Il a rigolé et il m'a répondu : "Moi aussi, j'en ai une à mettre.""
Yan Gauchard