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 Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits)

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Stephane
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MessageSujet: Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits)   Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits) EmptyDim 26 Aoû 2007, 18:21

LE CIEL ET LA PAROLE


Les mots et la parole ont une force insoupçonnée. Ils sont la tourmente ou la brise. La pluie qui dévaste ou l'eau qui irrigue.

Savoir n'est rien, il faut aussi que ce que l'on sait devienne votre sang.

Des rencontres se produisent ainsi qui modifient la couleur des choses. Qui font éclater ce qui jusqu'alors est souterrain.

Mais qui se parlent encore ? Qui ose poser les questions que chacun porte en soi ?

Une étoile comme une vie qui s'efface dans la foule des milliards d'hommes. Et chaque étoile, chaque homme est un univers. Quand il meurt, tout meurt et tout se prolonge.

Pourquoi le ciel, pourquoi l'homme, pourquoi moi, pourquoi la vie, pourquoi la mort, pourquoi des bourreaux et des victimes, pourquoi le bonheur et le malheur ? Et au delà encore, qu'y a-t-il ? Le hasard, le destin, un dieu de justice, ou simplement l'inconnu qui échappe à nos questions ? Pourquoi ?

Parce que le même ciel nous enveloppe. Parce que nous sommes taillés dans la même étoffe. Parce que nous sommes tous des hommes. Et que la parole, quand elle est vraie, peut aider, comme une main fraternelle.
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MessageSujet: Re: Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits)   Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits) EmptyDim 26 Aoû 2007, 18:22

LA PIERRE OU L'HOMME SEUL


Les hommes qui s'ignorent les uns les autres sont comme des pierres en tas. Et l'homme seul est une pierre dure et stérile dans un champ.

L'homme peut être seul au milieu des autres. Mais celui qui est ouvert au monde, celui qui sait demeurer fraternel, celui qui est solidaire des autres, celui-là, même solitaire, n'est jamais seul. Parce que les autres, quand une main se tend, la saisissent. L'homme n'est jamais seul à être seul. Il peut toujours trouver quelqu'un qui veut, avec lui, traverser la vie.

Si l'on demeure seul, à quoi cela sert-il d'être vivant ?

Le repliement sur soi, la fermeture, le cercle de fer du moi sont des poisons mortels. Ils font naître la peur. Ils isolent.

Il suffit du regard d'un homme pour briser la solitude. Et ce regard viendra. Mais il faut d'abord croire qu'il existe.

Un homme n'est jamais seul quand il sait qu'il est l'infime mais nécessaire partie d'un tout, un tout puissant et innombrable : la collectivité des hommes. Un homme n'est jamais seul quand il ne fait pas de lui, de lui seul, l'unique but de sa vie. Un homme n'est jamais seul, un homme n'est jamais faible, quand il mêle son énergie à l'immense océan des énergies humaines.

On ne peut échapper au malheur et à la solitude qu'en sachant qu'il y a un homme plus malheureux et plus seul que soi. Un homme qui attend qu'on lui tende la main.

Accuser les autres c'est s'enfermer en soi. Se comdamner à être seul. L'autre n'est pas d'abord un ennemi mais un allié possible. Et même celui qui vous combat peut vous aider. Car chacun doit tirer de l'adversaire un enseignement.

Pour que l'autre vous entende, pour qu'il vienne vers vous, pour que finisse la solitude, il faut être vrai, il faut avancer désarmé, avec la force invincible de la fraternité. Alors naît le dialogue. Et le dialogue d'un homme avec les autres, c'est la vie.

Celui qui croit d'abord à l'hostilité des autres, celui-là est seul.

Il faut apprendre à partager la souffrance des autres. Alors, ils vous donnent leurs joies. Et l'on ne connaît plus la solitude.

Aider les autres, c'est encore la meilleure façon de s'aider soi-même.

Pour que deux êtres se rencontrent, pour qu'ils détruisent l'un par l'autre la solitude, il faut qu'ils partagent le même avenir.

L'homme n'est pas seul à la surface du monde. Il n'est qu'une partie de la nature. Et s'il la détruit, alors il se retrouvera seul, comme dans un désert.

Si l'homme se sent seul, si l'angoisse et la peur sont en lui, c'est qu'il a tranché ses liens avec la nature.

L'homme et la nature forment un tout qui vit mais qui peut mourir. Séparés l'un de l'autre, chacun devient pierre infertile. Et si l'homme ignore la nature ou la détruit, il s'ignore et se détruit lui-même.

Il n'est pire solitude que celle qui naît de l'indifférence des autres. Et chacun peut être victime un jour de l'indifférence et en souffrir. Alors pourquoi ne pas tendre la main à celui qui est seul ?

La solitude est un miroir : on s'y découvre, tel que l'on a été, tel que l'on est. La solitude est une épreuve. Seul celui qui n'a pas épuisé la source qui est en lui peut en sortir vainqueur. La solitude révèle l'homme vrai.

Celui qui sait, souvent est seul. Mais cette solitude est le prix qu'il doit payer pour ce qu'il sait. Et il faut l'accepter la tête haute et le coeur fort.

Il faut parfois choisir la solitude, si elle est l'unique moyen d'être fidèle à soi et aux autres.

L'amour transforme un sol couvert de pierres en une terre vivante fertile.
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MessageSujet: Re: Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits)   Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits) EmptyDim 26 Aoû 2007, 18:24

L'AMOUR


L'autre, quand on l'aime, est un univers qu'on n'a jamais fini d'explorer. Il est l'eau qui désaltère et la soif qui donne le désir de boire.

Chacun de nous attend l'amour. Il faut espérer l'amour. Car les pensées ouvrent le chemin.

L'amour, c'est donner à l'autre la sécurité et la recevoir de lui.

La vie sans amour n'est rien.

Quand on renonce à aimer pour choisir ce que l'on croit être la sagesse, quand on oublie que la vie est un acte d'amour, un jour vient où l'on découvre que l'on a perdu. La vie ne se gagne que si l'on aime.

L'amour n'est jamais contrainte. Il est joie, liberté, force. Et c'est l'amour qui tue l'angoisse.

Là où l'amour manque naissent la peur et l'ennui.

L'amour est une loi d'attraction. Si on se laisse guider par le besoin qu'on a de lui, si on n'oublie pas qu'il est la vie, alors un jour on le rencontre. Un être au moins a ce même désir. Pour un être au moins vous êtes l'irremplaçable qu'il cherche. Et il l'est pour vous. Seulement beaucoup craignent d'aimer.

L'amour est emportement. L'amour est enthousiasme. L'amour est risque. N'aiment pas et ne sont pas aimés ceux qui veulent épargner, économiser leurs sentiments. L'amour est générosité. L'amour est prodigalité. Mais l'amour est échange. Qui donne beaucoup reçoit beaucoup en fin de compte. Car nous possédons ce que nous donnons.

A l'amour si l'on veut gagner il faut d'abord se dépouiller, s'engager, être prêt à tout donner.

Pour que naisse l'entente des corps il faut que chacun se désarme, aille vers l'autre, pense à l'autre. Alors il se trouve et trouve l'autre qui le trouve.

Mais aimer ce n'est pas enfermer l'autre, aimer c'est vouloir que l'autre s'épanouisse, suive le courant naturel de la vie. Aimer, ce n'est pas mutiler l'autre, le dominer, mais l'accompagner dans sa course, l'aider. L'amour vrai est le contraire de la volonté de puissance.

Savoir accepter l'autre tel qu'il est. Etre joyeux du bonheur qu'il trouve. L'aimer dans sa totalité : pour ce qu'il est, laideur et beauté, défauts et qualités. Voilà les conditions de l'amour, de l'entente. Car l'amour est vertu d'indulgence, de pardon et de respect de l'autre.

Il n'y a pas qu'une seule façon de vivre à deux. Il y a mille chemins qui conduisent au bonheur et à la paix. Chacun peut trouver sa route dès lors qu'il s'efforce de comprendre l'autre. Et pour comprendre l'autre il faut le voir, imaginer qu'on est à sa place. Il faut sortir de soi, de ses rêves. Voir le réel tel qu'il est.

La sagesse c'est savoir reconnaître et admettre qu'un autre ne vous aime pas. Et que la vie continue malgré la cruauté de cette découverte. La sagesse c'est savoir que l'amour est échange : si l'autre ne s'ouvre pas à vous, vous vous fermerez à lui. La souffrance sera double : en vain. L'amour ne naît pas de la souffrance de celui qui aime. Peut-être la pitié : mais la pitié est le contraire de l'amour.

L'amour, chacun doit l'inventer pour soi. Il ne peut y avoir de modèle. Chacun est roi. Chacun est une origine.

L'homme n'est pas qu'un corps. L'amour n'est pas qu'une rencontre de deux corps. Aimer c'est en même temps partager des mots, des regards, des espoirs et des craintes. Ceux qui mutilent l'amour l'ignoreront toujours. Il est, indestructiblement, fait de la joie des corps et de l'union des espérances. Indestructiblement liées, comme les branches d'un arbre qui n'existent que par ses racines.

Qu'est-ce qu'un arbre sans ses fruits ? Qu'est-ce qu'un amour sans projet, sans avenir ? Et l'enfant c'est l'avenir naturel d'un couple. Le visage de l'enfant c'est le visage du couple. Mais parfois un arbre peut ne pas donner de fruits. Alors il faut d'autres projets. Il faut vouloir un autre avenir ensemble. Car l'avenir à construire ensemble, c'est la terre qui tient un couple droit, vivant, uni.

La vie est un tout. Il y a le malheur et le bonheur. La naissance et la mort. Vouloir l'un sans l'autre, c'est refuser la vie. Ne voir que l'un ou l'autre c'est se condamner à être aveugle et mutiler la vie.

Chacun de nous a besoin de savoir que l'avenir existe. Chacun de nous a besoin de laisser une trace de son passage parmi les hommes. Chacun doit vouloir laisser cette marque. Parce que c'est ainsi que l'humanité, ce corps aux visages innombrables, creuse son sillon. Et l'enfant c'est la trace d'un homme et d'une femme.

Il y a toujours plusieurs chemins pour le fleuve qui va vers la mer. Mais il faut que le fleuve aille vers la mer et ne se perde pas dans les sables. Il faut qu'un couple soit ouvert aux autres sinon il se perd. Il faut qu'un couple crée : des enfants ou des oeuvres ou le bonheur pour les autres. Il faut qu'un couple donne son amour. Car l'amour qui s'enferme se dessèche et meurt, comme une plante sans lumière. Les enfants, les oeuvres, les autres, le monde : voilà le soleil et l'eau qui font vivre l'amour.

Divorcer, rompre un couple, c'est toujours trancher en soi, à vif. Il faut être sûr que le bien qu'on en tire est plus grand que le mal dont on va souffrir. Parfois des arbres dont on coupe trop de branches meurent. Et il faut aussi penser à l'autre, aux autres. A tous ceux que ces branches protégeaient.

L'harmonie entre deux êtres, leur bonheur, c'est aussi le fruit de leur volonté commune de construire le bonheur et l'harmonie. L'amour n'est pas seulement un miracle né d'une rencontre, il est jour après jour ce que l'on veut qu'il soit. Et il faut décider de le réussir.

L'amour, c'est sentir qu'on est une parcelle agissante du monde. Et responsable de lui. L'amour, c'est comprendre qu'on vit des autres. Qu'on est un moment du monde. Alors cet amour du monde, cet amour de la vie totale permet de combattre en soi la mort. Aimer le monde, les autres, c'est abolir sa mort.
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MessageSujet: Re: Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits)   Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits) EmptyDim 26 Aoû 2007, 18:25

LA SOURCE QUI EST AU COEUR DE CHACUN DE NOUS


Qui jette en nous cette force ? Qui ouvre en nous la faiblesse ? L'une peut nous sauver, l'autre risque de nous perdre.

Pourquoi ces différences d'un homme à l'autre ? Où les uns puisaient-ils leur force et les autres d'où leur venait ce goût de la tristesse et du renoncement ?

Chaque homme, chaque femme peut trouver en soi la force. En nous est une source puissante. Une énergie plus forte que celle de mille soleils. Mais qui connaît cette source ? Elle est cachée par les mauvaises herbes qui l'étouffent. Et nous sommes sourds à son grondement. Elle va par à-coups animer quelques-uns de nos actes puis nous la laissons se perdre et parfois se tarir.

Il ne peut y avoir de frontière entre soi et les autres. Celui qui croit être le centre unique du monde, celui qui refuse de comprendre qu'il fait partie de l'ensemble des hommes, celui-là, un jour, connaît la douleur et l'extrême pauvreté.

Il ne faut pas se laisser distraire par les mots, les apparences, les fonctions ou les honneurs derrière lesquels se cachent les hommes. La vérité d'un homme est en lui. Là est sa richesse. Là est sa force vraie.

Pour être en harmonie avec les autres il faut être en harmonie avec soi, il faut que coule en soi, librement, joyeusement, cette source qui est à l'origine de notre être, de notre personnalité.

Reconnaître ce dont l'on a besoin, laisser naître ce moi profond que trop souvent l'on étouffe, aller vers soi, vers cette source qui jaillit au coeur de l'homme, voilà le premier pas vers les autres. Car trop souvent on est un autre pour soi-même. Et c'est cet autre en soi, le vrai moi, qu'il faut d'abord accueillir.

Découvrir sa source, trouver le sens du courant qui nous porte, devenir ce que l'on doit être, se reconnaître et s'accepter, porter à la lumière le moi qui gît au fond de soi, c'est cela prendre visage d'homme. Alors la haine souterraine et cruelle cesse. L'homme est ouvert à lui-même. Débarrassé du regret et de la rancune il n'a plus de haine en soi. Il est capable de reconnaître et d'accepter le monde et les autres pour ce qu'ils sont. L'homme est un homme.

Celui qui se présente aux hommes avec la seule force de son moi, celui qui est vrai, celui qui parle sans artifice, celui qui refuse la haine, celui-là, le juste, celui-là qui est en harmonie avec lui-même, celui-là est, quel que soit son destin personnel, écouté par quelqu'un. Et sa source ne se tarit pas. Elle ressurgit ailleurs.

Chacun sait bien qu'il a en lui une voix qui parle, une voix simple et claire, qu'il étouffe trop souvent. Parce qu'elle est exigeante, nette comme une ligne droite. Cette voix, cette source qu'on obstrue, c'est elle qui dit le juste, elle qui donne les moyens d'atteindre l'équilibre et la libération de soi. Mais nous avons peur d'être nous-mêmes.

Un homme ne se soumet pas à l'inacceptable. Un homme respecte en lui le joyau qu'est son être d'homme. Il refuse de le laisser humilier. Quel que soit le prix à payer.

La vraie prudence est d'écouter en soi la voix du refus, de respecter en soi l'homme.

Il faut toujours du courage pour être soi, pour construire sa vie en harmonie avec les exigences de cette voix qui est en nous, et qui est nous.

Le péril est en chaque homme. Car chaque homme porte la violence animale en lui. A tout moment la défaite nous guette. Nous gardons notre visage, nos apparences, mais en nous l'homme peut devenir l'esclave et l'ombre peut nous écraser. Des profondeurs de notre forêt a surgi un monstre noir. Il capte la source qui est en nous et s'en abreuve.

La barbarie, l'inconscient sauvage, peuvent nous vaincre. Parce qu'en chacun de nous existe, vivante, la longue, la mille fois millénaire histoire - barbare, sauvage, animale - de l'homme. Parce que chaque fois qu'un homme vient au monde renaît en lui tout le passé de l'humanité. Et qu'il l'ignore et peut donc succomber sous son poids.

L'enfance est une eau qui jaillit. Elle irrigue l'homme à venir. Elle peut le noyer. Avec cette eau des origines, l'homme va cheminer toute sa vie. S'y désaltérer. Ou s'y empoisonner. Il faut prendre garde à l'enfance.

Rien n'est plus important pour l'homme que de guider une autre vie.

L'enfant n'a pas d'abord besoin d'objets. Il a faim des autres. Besoin de sentir à tout moment l'ombre protectrice, bienveillante, attentive, de ceux qui l'ont porté et voulu. Donner à un enfant, c'est se donner soi. A tout moment. Alors il peut pousser droit, et ses racines seront profondes, fortes.

Les parents sont la semence de l'enfant et la terre dans laquelle il pousse. Pour lui, ils sont le monde, l'image de ce qu'il va, de ce qu'il doit être ou ne pas être. Ce qu'ils font, ce qu'ils disent, ce qu'ils sont, demeure en lui. Et même s'il l'ignore. Car l'enfant est toujours présent en l'adulte.

Ce que l'on donne à un enfant, il le rend un jour. Et ce qu'on lui refuse, il le refuse. Et le mal qu'on lui fait, il peut le faire. Mais si on gonfle ses jeunes voiles au souffle de la force, du courage et de la droiture, alors il vogue et sait affronter la tempête.

Les vraies leçons, celles que l'enfant écoute, celles qui modèlent sa personnalité, sont les actes que l'adulte accomplit. Eduquer un enfant, c'est s'offrir à lui en exemple.

Protéger un être, un enfant ou un homme, ce n'est jamais lui masquer les risques de l'existence. La part de malheur qu'elle contient. Protéger quelqu'un, c'est d'abord lui apprendre à voir, lui montrer le danger en lui, autour de lui. C'est le rendre capable de l'affronter et de le vaincre.

L'enfant, l'homme veulent mesurer leurs forces. Pour devenir ce qu'ils veulent et doivent être il faut qu'ils affrontent le monde, les choses. La peur et la douleur sont de bonnes leçons. Celui qui éprouve découvre et d'abord se découvre.

Un homme doit être un tout. Il est d'instinct et de raison. Il doit accepter le corps et l'esprit. L'arbre est fait d'écorce et de sève. Qu'on arrache l'écorce et l'arbre dépérit. Que la sève se tarisse et l'écorce pourrit et l'arbre meurt. Qui ne veut être que sève et qui ne connaît que l'écorce n'est pas vraiment un homme.

L'homme doit accepter ses erreurs, l'homme doit avouer ses faiblesses. Dès lors qu'il les reconnaît elles sont déjà à demi vaincues.

Le passé, pour un homme, ce doit être d'abord l'expérience et la leçon qu'il en tire.

Le passé d'un homme peut être semblable à l'herbe folle dans un champ ou à la plante grimpante sur un mur. Il peut étouffer les jeunes pousses, il peut desceller les pierres les plus lourdes. Le passé peut être un mal pour l'homme. L'homme ne peut nier ou effacer le passé. Il le porte toujours en lui, gravé. C'est son histoire personnelle, unique. Mais il doit s'y adosser. Prendre appui sur cette expérience pour s'en éloigner sans trahir et sans oublier. Parce que la vie c'est la marche vers l'avenir. Et il faut faire confiance à ce qui viendra.

Il y a toujours une chance pour qu'un homme soit meilleur qu'il n'y paraît. Il faut trouver dans l'homme le chemin qui conduit à sa source profonde. Il faut l'aider à le faire renaître. Alors un homme surgit. Le véritable. Car l'homme, s'il est lié au passé, est aussi un avenir.

Croître, pour un homme, ce n'est jamais oublier ce qui précède mais le connaître et s'en dégager pour mieux se voir et voir le but. Et le but de l'homme c'est d'être soi. Parce qu'être soi c'est aller vers les autres. Comme la source va vers la mer.
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MessageSujet: Re: Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits)   Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits) EmptyDim 26 Aoû 2007, 18:25

LA VIE


La vie, la vie changeante comme le ciel, la vie claire puis orageuse, la vie généreuse, pareille aux pluies de printemps, la vie sauvage, cruelle comme l'ouragan, la vie qui dévaste et qui comble, la vie, il faut l'aimer, savoir reconnaître sa beauté, ses éclaircies dans la tempête, et sa grandeur et sa majesté, parce qu'elle est l'homme et l'univers.

La vie toujours bascule entre l'ombre et la clarté, l'espoir et le désespoir, la tourmente et la paix. Toujours la vie est à reconquérir. Ceux qui croient avoir atteint le dernier obstacle se trompent : il y a toujours un autre obstacle. Un autre combat. Quand cesse le combat, quand devant soi s'étend la plaine vide, sans muraille dressée qu'il faut passer, alors c'est le temps de la mort. Naître c'est déjà se battre, souffrir, être arraché à la douceur passive et tiède du sein. Il faut accepter la souffrance et la bataille. Elles sont la vie.

Comme le soleil, la vie décrit une courbe. Un jour elle commence à décliner, lentement. Il faut se préparer à ce temps. L'accepter. Savoir que cette deuxième moitié de la vie est aussi la vie. Qu'elle peut être aussi pleine que la première. Il est des crépuscules qui sont plus beaux que des aurores. Il faut simplement le vouloir. Et éclairer les autres et soi de sa paix intérieure.

La vie, c'est d'abord un projet, des projets qu'il faut se donner. Ce qui compte c'est ce qui s'inscrit dans le monde réel. Est réel dans la vie ce qui agit. Car la vie c'est construire, édifier, élever. Pierre après pierre, pensée après pensée, acte après acte, apprendre soi, apprendre le monde, pour se connaître, se changer et le changer. Pour atteindre la paix intérieure. La seule qui puisse durer. Pour rendre la vie de l'homme moins cruelle. Pour tendre la main, la voix, le regard vers ceux qui appellent.

Il faut se donner des projets qui vous grandissent. Des projets qui tendent la vie vers le haut. Qui obligent à choisir la cime plutôt que le fossé. Des projets généreux qui font la vie généreuse. Et qui permettent à la vie de l'homme de se déployer. De s'élever.

On ne construit pas contre quelqu'un ou quelque chose. Une vie, si on veut qu'elle soit pleine, ne doit pas être dressée contre mais pour quelqu'un ou quelque chose. Pour. Parce qu'une vie est une totalité, une seule plante. Et si l'on griffe au-dehors les autres, on griffe aussi soi au-dedans.

La vie c'est un arbre que la tempête secoue. Il faut tenir serrées entre ses mains les branches, il faut vouloir rester accroché jusqu'à ce que le vent, l'orage, se calment. S'ils se calment jamais.

Dans la vie, rien n'est jamais résolu définitivement. Il faut être sur ses gardes. Prêt à la bourrasque. Capable de saisir la beauté d'un soir, d'un matin, d'une seconde. Parce que, le jour suivant et la seconde qui vient peuvent être emportés par la tourmente.

Il ne faut pas se laisser couler. Il ne faut pas se laisser contaminer par le malheur. Il faut le combattre et non pas l'entretenir par des larmes partagées. Ce dont l'homme qui souffre et qui craint a besoin ce n'est pas d'un autre cri de douleur mais d'une voix plus forte que la sienne et qui lui rende le courage. Lutter contre l'incendie ce n'est pas l'entretenir ou s'agenouiller devant lui pour qu'il vous consume.

D'abord, chasser la peur de son esprit. Restaurer en soi le calme. Se répéter qu'il y a toujours une chance à saisir. Que tout le bonheur du monde est possible tant que la vie existe.

Vivre, ce n'est pas seulement se laisser aller au fil du courant. Un jour, le courant peut cesser de porter. Un jour, le tourbillon peut vous entraîner vers le fond ou vers les marécages. Vivre, c'est savoir pour quoi l'on vit. Vivre, c'est vouloir vivre. Vivre, c'est avoir foi dans la vie.

La pensée peut être un germe de vie ou de mort. Elle doit être un germe de vie. Il faut se battre avec soi, pousser au-dehors ces pensées noires qui envahissent l'esprit comme un brouillard tenace. Il faut que la pensée soit un appui à la vie, une source de vie. Il faut vouloir naître des pensées claires. Et si l'on ne peut, si un temps la force manque, alors il faut refuser de penser, s'étourdir de bruits et d'images, d'actions et de voix. Il faut savoir s'aider à vivre. Et parfois avoir le courage de fuir. Il ne faut pas que la pensée soit un venin. Il ne faut pas nier la vie en parole ou en pensée.

La vie, c'est partager. Ne pas rester enfermé en soi. C'est ouvrir son existence au monde.

On ne croit jamais assez en soi. On ignore toujours la puissance des ressources de la vie. Mais la vie c'est oser franchir les murailles que l'on dresse devant soi-même. Oser dépasser les limites que l'on se donne. La vie c'est toujours aller au delà.

L'esprit, la volonté, la pensée, peuvent multiplier les forces de la vie. Pour pouvoir il faut d'abord vouloir. C'est la volonté, la pensée, cette puissance invisible qui permet de saisir la vie à pleines mains. Et c'est pourquoi il faut veiller sur sa pensée : vivre selon elle, vivre selon l'esprit. Car on ne peut longtemps sans dommage vivre à contre-courant de sa pensée. Si on le fait elle se dresse contre vous. Comme le dard du scorpion elle peut être l'arme invincible ou bien se retourner contre soi. La connaître, la maîtriser, la respecter, l'utiliser, est la grande aventure de la vie.
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MessageSujet: Re: Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits)   Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits) EmptyDim 26 Aoû 2007, 18:26

LA MORT


Tôt ou tard l'épreuve est là, dans sa cruauté insupportable. La mort, l'inacceptable qu'il faut apprendre à accepter.

Il faut savoir que la mort existe. Il faut savoir qu'elle frappera autour de nous, en nous, ce que nous avons de plus cher. Il ne faut pas croire que nous serons à l'abri de cette tourmente. Il na faut pas l'oublier. Il faut savoir que nous serons blessés et que la plaie restera vivante. Toujours. Et qu'il faut vivre malgré tout.

La mort de ceux qu'on aime, la mort des enfants, cela nous semble toujours injuste. Un arbre est déraciné sous lequel on aimait vivre, un arbre est abattu qui n'avait pas encore donné ses fruits.

On sort du cercle de la mort par l'action, par la vie.

Il faut vouloir survivre à la mort. Il faut construire par l'action, par la pensée, des barrages contre le désespoir. La mort des êtres chers c'est un cyclone qui vous aspire, où l'on peut se laisser entraîner, où l'on peut se laisser noyer. Il faut s'éloigner du cyclone. Il faut vouloir survivre.

Croire, c'est vouloir vivre. Vivre jusqu'au bout malgré la mort. Croire, c'est croire en la vie. Et donner la vie c'est combattre la mort. Car la vie doit chasser la mort. A chaque printemps l'arbre refleurit. Et l'automne alors, et l'hiver, ne sont plus que des saisons parmi d'autres. Il faut que l'homme apprenne à voir la mort comme un moment de la vie.

Il ne faut pas forcer le cours des choses naturelles. Il est un temps pour la souffrance et un autre pour la guérison.

Etre fidèle à ceux qui sont morts ce n'est pas s'enfermer dans sa douleur. Il faut continuer de creuser son sillon : droit et profond. Comme ils l'auraient fait eux-mêmes. Comme on l'aurait fait avec eux. Pour eux. Etre fidèle à ceux qui sont morts c'est vivre comme ils auraient vécu. Et les faire vivre en nous. Et transmettre leur visage, leur voix, leur message aux autres. A un fils, à un frère, ou à des inconnus, aux autres quels qu'ils soient. Et la vie tronquée des disparus alors germera sans fin.

En soi, seulement en soi et par soi, on peut décider de vaincre le désespoir de la mort. Puis il faut se tourner vers les autres. Vers la vie innombrable. Un arbre survit d'abord par ses racines. Mais sans le soleil il dépérit. Les autres sont notre soleil.

L'homme est mortel. La vie individuelle un jour cesse. Ceux qu'on aime meurent. Mais il y a toujours des enfants qui naissent. Il y a les hommes, cette vie aux milliards de visages qui se poursuit et s'amplifie. Alors les autres, ceux qui demeurent, ceux qui naissent, l'ensemble des hommes, continuent de faire vivre ceux qui sont morts. La mort ne peut être vaincue que par la fraternité avec les autres. Je ne meurs pas puisque je suis partie d'un tout vivant.

La mort, c'est toujours la grande épreuve. Le vide qui s'ouvre tout à coup sous nos pas. Le fuir ne sert à rien. Il faut apprendre à le regarder. Et aussi à le contourner.

L'homme d'aujourd'hui, la société d'aujourd'hui excluent, masquent le malheur et la mort. Alors ils nous frappent comme des météorites tombant sur nous. Nul ne peut y échapper. Car ils sont partie de la vie. Tout homme doit apprendre à les affronter.

Il faut bannir du monde tout ce qui peut tuer la vie. La vie, il faut la défendre de la mort. Et parfois il faut la donner pour protéger les hommes de ceux qui sont les partisans de la mort : bourreaux et systèmes qui font de la mort leur instrument. Mais une idée n'est grande, une cause n'est juste, que si la protection de la vie est en leur coeur.

Contre l'angoisse de la mort il faut dresser le barrage de la vie, il faut s'ouvrir à l'infinie beauté du monde. Il faut se fondre dans le mystère du ciel étoilé. Il faut devenir partie de ce grand tout en perpétuel mouvement, partie de l'univers vivant.

Considérer la mort avec les yeux ouverts. Parce qu'elle est inéluctable. Ne pas craindre, ne pas abdiquer devant elle. L'admettre et la combattre. Et faire naître en soi la sagesse quand le moment vient.

Quand elle frappe autour de soi : les êtres qu'elle abat, ils continuent de vivre dans le souvenir de ceux qui demeurent. Ils vivent encore parce que l'univers est une éternité qui se transforme. Et l'homme est une parcelle de cet univers et donc de cette éternité. Comme l'univers, il se transforme. Sa mort, ce point où la vie éclate, est un passage. Car la vie dans l'univers ne cesse pas : elle est éternelle. Et la mort n'est que la fin d'une forme de la vie. Qui renaît ailleurs, sous mille formes nouvelles.
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MessageSujet: Re: Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits)   Martin Gray - Le Livre De La Vie (Extraits) EmptyDim 26 Aoû 2007, 18:29

La lecture de ce livre m'a beaucoup aidé à une période de ma vie ou je n'allais pas très bien.

J'avais envie de vous le faire partager.
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